Élaboration d’un dossier de demande de protection MH – parc du château d’Arcenay (21).

Les origines du château d’Arcenay sont très anciennes et semblent remonter au XIIe siècle. Successivement propriété des familles de Couches puis de Louvois, il passe par alliance en 1518 à la famille de Conygham qui gardera cette vaste propriété de plusieurs centaines d’hectares, pendant 300 ans. Le corps de logis du château semble remonter au XVIIe siècle. En 1748, Philippe de Conygham entreprend de grands travaux pour moderniser l’ancien château défensif. Il fait appel à l’architecte bourguignon Jean-Baptiste Caristie qui ajouta au corps de logis central, deux pavillons latéraux.

A cette époque, le domaine est une maison des champs, puisque les propriétaires n’y résident que quelques jours par an et l’ensemble des terres entourant la demeure sont consacrées à des productions agricoles. Les jardins entourant de tous côtés la demeure présentent une composition résolument régulière, faisant alterner des jardins d’agrément et des jardins vivriers. Plusieurs détails de ceux-ci sont indiqués sur trois plans terriers mais également dans les archives écrites du domaine. Dans ces documents, il est fait mention d’une cour d’honneur présentant un jardin en fer à cheval, d’une pièce d’eau prenant la forme d’un grand canal, de bosquets et de potagers-vergers.

  

Ces jardins ordonnancés sont toujours mentionnés sur plusieurs documents datés du début du XIXe siècle, tels que le plan du cadastre napoléonien (1823) ou les cartes d’Etat-Major (1825-1866). Dans les  années 1850, le propriétaire de l’époque, Alfred de Balathier-Conygham, entreprend des travaux pour replanter les jardins vivriers hérités de ses aïeux.

Il faut attendre 1871 pour voir apparaître d’importants changements dans les jardins d’Arcenay. En effet, entre 1871 et 1875, Alfred de Balathier-Conygham va moderniser le domaine. Il semblerait qu’il ait envisagé la création d’une ferme modèle, sans pour autant aller au bout de son projet. En revanche, il transforma les jardins réguliers en un vaste parc agricole et paysager. Pour cela, il fit appel au célèbre architecte-paysagiste Élie Lainé (1829-1911), peu connu à cette époque, et qui lui dessina le plan d’un vaste parc à l’anglaise avec : pièce d’eau, kiosque, pont, ‘rivière anglaise’, chambre de verdure, ‘saut-de-loup’ permettant de prolonger visuellement le parc sur le grand paysage… Les travaux vont durer au moins jusqu’en 1873, puisque cette année-là, des ‘arbres d’agréments’ sont plantés au parc d’Arcenay : séquoia, catalpa, tulipier de Virginie, cèdre du Liban…En 1874, c’est une orangerie, un lavoir et une serre sont ajoutés au parc. Ces travaux sont dirigés par l’architecte bourguignon, Jean-Jacques Grosley.Aujourd’hui, le parc d’Arcenay a conservé sa composition du XIXe siècle, dans laquelle se lisent encore de beaux vestiges des jardins du XVIIIe siècle. Il représente également un très bon exemple des parcs agricoles et paysagers qui ont incontestablement façonné l’image des campagnes de la fin du XIXe siècle. La particularité du parc d’Arcenay réside dans la signature de l’architecte qui l’a conçu. En effet, ce jardin constitue une œuvre majeure dans la carrière d’Élie Lainé (1829-1911), puisque le parc d’Arcenay est à ce jour le premier projet connu de sa carrière. Il précède de quelques années les œuvres importantes qui ont fait la réputation de ce paysagiste, à savoir  la restauration des jardins de Vaux-le-Vicomte aux côtés de l’architecte Hippolyte Destailleur, les projets réalisés pour la famille de Rothschild, dont les jardins de Waddesdon Manor en Angleterre, et enfin, les nombreux jardins dessinés pour le Roi des Belges, Léopold II.